Mental... Le retour !

Bonjour à toutes et tous !

 

Voici une petite réflexion sur le mental (qui date un peu et remise au goût du jour)…

 

 

On entend beaucoup parler de « mental ». Des phrases du type « un ultra, c’est au moins 50% de mental », ou alors « la 1ère partie, c’est le physique, après c’est le mental » ou encore, en version plus binaire, « tout au mental ». Bref, le mental est mis à toutes les sauces. Surtout, je vois une évolution « warrior » du trail avec des « pensées », des « maximes » qui fleurissent sur les réseaux et qui me font parfois frétiller de frissons la colonne vertébrale. Vous savez, le truc genre « les lâches patati, les faibles patata et les gagnants patati »… Ou des notions de peur, de souffrance, de courage qui écument les articles. Réussir à passer une ligne d’arrivée serait donc une preuve incontournable d’un mental hors norme…

 

 

J’amène un peu ma pierre à l’édifice mais avec un avis qui n’engage bien entendu que moi. Tout d’abord, qu’est-ce que le mental ? Si je me la joue un peu (ok, j’ai lu un dico…) : du latin mens, « esprit », le mental est ce qui se passe exclusivement dans l’esprit… Et toc ! Ca fait déjà moins bourrin et warrior de dire « j’y suis allé tout à l’esprit… » ou « là, j’ai dû puiser dans mon esprit » !

 

 

En ultra, bien souvent, on a l’impression que le mental fait son apparition quand on est « dans le dur ». En effet, quand ça va mal, « il faut du mental » et on prouve ainsi sa force… Si tout va bien, le mental serait donc secondaire…

 

 

A mon sens, le mental doit être présent bien en amont, d’autant plus sur une longue distance. Il doit être constamment en éveil, dans les bons et les mauvais moments. Il est nécessaire de se forger un mental prêt à s’adapter à toutes les situations. En ultra, je dois « avoir à l’esprit » que je peux être confronté à tout. A des moments de plénitude, à des moments de doute… Et le mental est là pour gérer les situations, il est sur le qui-vive dans la tour de contrôle, de manière consciente ou pas. Et ce même bien avant l’épreuve… Le mental n’est pas juste un bouton sur lequel on clique en cas de besoin…

 

 

Avant un ultra, le mental est là pour mettre un peu de réflexion, d’esprit donc, sur nos envies : « suis-je prêt pour ce type de course » ? Suis-je prêt à accepter le succès ET l’échec ? La tour de contrôle est-elle en état de fonctionnement afin que je puisse m’adapter à quasiment tout sans effet dévastateur ?

Cette réflexion précède le fait d’être « beginner »… Voilà une notion que j’aime aborder : être « beginner »… C’est déjà puiser dans son mental pour ne pas se laisser déborder, ne pas vivre que pour devenir finisher. Je pense que beaucoup de coureurs, submergés par leur mental, arrivent usés et stressés au départ, bien que ultra-entraînés. La mauvaise maîtrise du mental a déjà hypothéqué une bonne partie du capital succès ! Etre au départ d’un ultra l’esprit serein, reposé, avec la vision de partir pour un voyage tout en relativisant la situation, c’est déjà une bonne partie de la réussite. Je bannis personnellement les phrases du style « j’ai sacrifié 6 mois pour prendre le départ de cet ultra… ». Je ne fais pas beaucoup de sacrifices pour le trail… Le trail ne doit m’amener aucun stress négatif, ou quasiment aucun… Ce qui n’empêche pas l’envie de se fixer des objectifs ambitieux !

 

 

Pendant un ultra, le mental est à l’affût de nos réactions physiques et psychologiques… C’est par lui que nous gérons les bas ET les hauts, que nous devons nous efforcer de prendre les bonnes décisions. Gérer son mental (et non se faire gérer par son mental), c’est pousser notre belle machine au maximum de ce qu’elle pourra donner sans franchir la ligne rouge que nous nous fixons. Si nous sommes face à la douleur (ne parlons pas de souffrance…), il faut, à mon sens, autant de mental pour se convaincre d’abandonner que pour se convaincre de continuer. Se convaincre de continuer avec des conséquences parfois graves sur nous-mêmes n’est pas une preuve de gros mental, je dirais même au contraire… Notre mental nous guidera aussi sur la bonne correction du geste pour faire fuir une douleur. Tout cela demande de mettre un peu de réflexion dans notre course…

 

 

Après un ultra, le mental est toujours là, que ce soit pour gérer le succès ou l’échec. Pour certains, le succès peut-être mal maîtrisé… Dans le sens où, face à lui, il n’y a plus d’objectif donc un grand vide… Ou alors, on se voit plus beau que l’on est… Un ultra est un passage, il n’est pas un aboutissement ! L’échec doit aussi être géré, bien entendu. Que de dégâts « mentaux » engendrés par un échec mal maîtrisé ! Si le mental est prêt en amont, il nous aidera.

 

 

Il y a ainsi peu d’échecs issus d’un manque de chance et peu de succès qui naissent dans la chance…La belle ou la mauvaise météo ne sont pas de la chance, ce sont des données naturelles. Se construire un magnifique physique, calculer ses temps de passage, sa consommation de boisson, etc… et ne pas être préparé mentalement aux modifications de parcours sous la pluie battante voire à l’annulation de l’épreuve peut conduire à des désillusions qui, en plus, affecteront notre fameux mental, souvent peu préparé à relativiser l’échec.

 

 

Par contre, les échecs et les succès bâtis sur une mauvaise ou une bonne gestion de notre mental sont légion. Il faut avoir du mental pour abandonner, du mental pour finir, du mental pour ne pas aller s’entraîner si on ne le sent pas, du mental pour y aller si les sentiers sont des torrents de boue…

 

 

Disons qu’on ne vit jamais « sans mental », « sans esprit »… Du mental, tout le monde en a… Après, bien le gérer, c’est autre chose…

 

 

Le mental, à mon avis, se rapproche de cette idée : « préparer le meilleur, être prêt au pire et… prendre ce qui vient avec philosophie » ! Et l’aboutissement du mental, c’est peut-être aussi d’avoir l’impression de ne pas en avoir eu besoin… !!!

 

 

Mais nous pourrions discuter des heures et des heures du mental…

 

 

Vous trouverez des tas de méthodes dans la littérature mais je pense que déjà être prêt à tout rencontrer aide énormément. Garder un esprit ouvert, humble et qui relativise nous rend fort. Un ultra n’est pas une chose exceptionnelle et reste un loisir que nous avons la chance de pouvoir pratiquer…. Tout un chacun peut franchir la ligne d’arrivée, du moment qu’il en a l’envie et qu’il accueillera son mental en copilote, avant, pendant et après…

 

 

Pour finir, il faut aussi raison garder : nombre de situations de la vie courante font appel à des ressources mentales autrement plus grandes…

 

 

Mentalement vôtre,

 

 

Laurent

Retour à l'accueil